Dans un monde en quête de solutions durables pour répondre aux défis environnementaux, l’Intelligence Artificielle générative (IAg) se présente comme un outil puissant et prometteur. Toutefois, son utilisation doit être encadrée afin de garantir des impacts positifs sur notre planète.
Dans notre quête pour préserver notre planète et répondre aux défis environnementaux, l’Intelligence Artificielle générative (IAg) peut être une force de proposition prometteuse. Nous verrons comment cette fusion entre l’innovation technologique et les impératifs environnementaux, sociaux et économiques ouvre de nouvelles perspectives de résolution. Puis, nous découvrirons ensemble comment l’IAg peut jouer un rôle positif en s’intégrant dans une démarche de développement durable, à condition qu’elle le soit aussi.
Vers une innovation responsable
Une IAg verte ?
Aujourd’hui, le monde est confronté à de nouveaux défis environnementaux, la notion de développement durable émerge comme un impératif moral et une exigence pratique pour tenter de les relever. Cette notion incarne un idéal de progrès harmonieux, où les impératifs économiques, sociaux et environnementaux convergent vers un équilibre durable. Cependant, le développement durable implique de repenser nos modèles économiques et nos modes de vie afin de garantir la prospérité et le bien-être, tout en préservant les ressources naturelles et les écosystèmes desquels nous dépendons.
Dans cette perspective, l’intégration de technologies telles que l’intelligence artificielle générative (IAg) devient cruciale. En exploitant le potentiel de l’IAg pour résoudre les défis environnementaux :
- Pouvons-nous œuvrer vers un avenir où l’innovation et la durabilité se conjuguent pour façonner un monde plus équitable et résilient ?
- En combinant les avancées de l’IAg avec les principes du développement durable, pouvons-nous ouvrir la voie à une révolution responsable ?
- Est-il possible d’aligner les solutions technologiques sur les impératifs écologiques ?
Le développement durable c’est : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » Mme Gro Harlem Brundtland, ex-première ministre norvégienne, en 1987.
L’IAg représente une avancée significative dans le domaine de l’intelligence artificielle, offrant des dispositions uniques en matière de création de contenu. Contrairement aux systèmes traditionnels d’IA qui se concentrent sur la résolution de problèmes ou l’analyse de données, les IAg ont la potentialité de générer de nouveaux contenus de manière autonome, souvent de manière indiscernable de ceux créés par des humains. Cette branche de l’IA est alimentée par des algorithmes avancés, notamment les réseaux neuronaux génératifs (RNG), qui apprennent à partir de vastes ensembles de données pour produire des sorties réalistes et diversifiées dans des domaines tels que la création d’images, de musique, de texte, et même de vidéos. L’IA générative ouvre de nouvelles perspectives dans de nombreux domaines, mais suscite également des questions sociétales et environnementales.
Les applications et les implications de l’IAg, mettent en lumière son potentiel innovant et durable. En effet, les Réseaux Neuronaux Génératifs (RNG) de l’IAg fonctionnent en apprenant à modéliser les distributions de données afin de générer de nouvelles instances qui ressemblent aux données d’origine. Ils utilisent des architectures comme les Generative Adversarial Networks (GAN) qui fonctionnent avec deux réseaux : un générateur qui crée des données synthétiques et un discriminateur qui évalue si ces données sont réelles ou générées. Ces réseaux s’entraînent ensemble de manière compétitive, le générateur s’améliorant pour tromper le discriminateur et le discriminateur devenant plus habile à détecter les fausses données, jusqu’à ce que le générateur produise des résultats réalistes. Par ses RNG, l’IAg s’annonce comme une force de proposition durable à la résolution des problématiques environnementales, sociales et économiques dû à une production de résultats durables et réalistes.
Cependant, il est crucial de pouvoir rendre son utilisation responsable pour l’environnement : verte.
Vers un usage numérique responsable
Avant d’être porteuse de solutions durables, il est important de s’assurer que l’IAg elle-même fonctionne de manière responsable. Aujourd’hui, l’impact climatique de l’IAg n’est pas sans faille. Le principal facteur déterminant de cet impact demeure dans l’intensité d’utilisation des IAg. Samuel Lucas, directeur des systèmes d’information et conseillé en transformation digitale, chez Anthéa RH, nous le montre avec des chiffres. Répondre à une requête entraîne une consommation de ressources : de manière approximative, ChatGPT émettrait 0,382g de CO2 par requête, comparé aux 1400g de CO2 émis pour la rédaction d’une page de 250 mots aux États-Unis. Avec le nombre considérable d’utilisateurs de ChatGPT, son impact écologique devient considérable. Pour évaluer l’impact écologique des IAg, il est primordial de prendre en compte les coûts énergétiques associés à leur entraînement, souvent déterminés par la consommation des serveurs. Cette consommation dépend du nombre de processeurs utilisés, de la localisation des serveurs et de la durée de l’entraînement, et elle augmente avec le nombre de paramètres utilisés dans le modèle. Il est également crucial de considérer l’obsolescence des processeurs, conçus spécifiquement pour cette tâche. En effet, selon diverses études et variables, l’entraînement d’un modèle tel que GPT-3, utilisé par ChatGPT, peut générer jusqu’à cinq fois plus d’émissions de carbone que le cycle de vie complet d’une voiture, soit entre 284 et 552 tonnes de CO2 émises selon la méthode d’estimation utilisée.
Pour permettre à l’IAg de réduire son impact environnemental, plusieurs solutions s’imposent. Tout d’abord, en adoptant des processus plus efficaces. Par exemple, utiliser des modèles d’IAg spécialisés et en exploitant la communauté des logiciels libres pour trouver des modèles pré-entraînés, réduisant ainsi considérablement la nécessité de calculs supplémentaires. Ensuite, en hébergeant les opérations d’IA dans des datacenters alimentés en énergie renouvelable. Puis, plus radicalement, en n’utilisant pas du tout les IAg si d’autres approches plus simples et moins énergivores sont possibles.
Afin d’assurer une utilisation plus responsable et d’adopter des pratiques plus efficaces, différents acteurs entrent en jeu. Pour ce faire : une collaboration entre gouvernements, secteur privé et société civile est essentielle. Les gouvernements pourraient instaurer des politiques qui encouragent une innovation responsable, soutenant la recherche et le développement tout en garantissant le respect de normes éthiques et environnementales. De leur côté, les entreprises privées ont un rôle crucial à jouer en investissant dans des solutions d’IAg durables, en travaillant avec des chercheurs et des ONG pour élaborer des technologies répondant aux défis environnementaux, et en adoptant des pratiques commerciales responsables et transparentes. Enfin, la société dispose d’un pouvoir d’action important. Elle peut soutenir des actions durables, en exigeant des explications des entreprises et des gouvernements. Elle peut aussi promouvoir la sensibilisation et l’éducation sur les potentielles menaces énergétiques que représentent certaines IAg. Puis, finalement, elle peut inciter une utilisation éthique et responsable de ces nouveaux outils numériques.
Avantages et inconvénients
L’IAg n’est pas seulement un outil pour améliorer l’efficacité des entreprises ou faciliter notre quotidien. Elle peut également offrir des solutions dans la lutte contre les défis environnementaux, sociaux et économiques. Par exemple, elle peut être force de proposition dans la création de contenu lié au développement durable, en sensibilisant au mieux sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Elle peut aussi permettre une meilleure gestion des ressources en créant des modèles durables, en optimisant la réduction de déchets et en abaissant ainsi leur empreinte écologique. En générant des concepts novateurs, elle peut inspirer de nouvelles approches de réduction des impacts négatifs sur l’environnement. L’IAg représente une source de proposition significative pour soutenir le développement durable. Son utilisation judicieuse et responsable, associée à celle de l’Homme, peut contribuer à la création d’un avenir plus vert.
Malgré ses avantages, l’IAg présente des limites à son pouvoir. Sur le plan environnemental, le Big Data, souvent considéré comme le carburant de l’IA, n’offre pas nécessairement un accès direct à des données de haute qualité. L’accès à ces contenus représente un défi majeur, particulièrement dans les zones où les infrastructures de collecte de données sont limitées et sollicite d’autres ressources pour la recherche de données. Sur le plan social, les données seules ne suffisent pas à changer les comportements humains ni à transformer les politiques. S’engager vers une durabilité des outils numériques exige une mobilisation collective, pas seulement celle des algorithmes. Une mobilisation à l’échelle collective est nécessaire pour avoir suscité un réel impact. De plus, il est primordial de s’assurer que l’application de l’IAg n’accentue pas les disparités en accroissant les inégalités. Car, sur le plan économique, la mise en place de ces technologies demande des investissements substantiels que tous ne peuvent pas se permettre, notamment à l’échelle locale.
Bien qu’elle offre des opportunités considérables, l’IAg durable impose des défis significatifs sur les plans environnementaux, sociaux et économiques. Pour véritablement maximiser ses avantages, une approche collective et responsable est indispensable. Ainsi qu’une réflexion approfondie sur l’accès aux données, les implications sociales et la réduction des disparités économiques. En fin de compte, seule une mobilisation collective généralisée à l’ensemble des organismes concernés permettra de garantir que l’IAg contribue de manière équitable et durable à notre société.
Pour conclure, l’IAg se profile comme un catalyseur potentiel pour un avenir plus durable et responsable. En combinant innovations technologiques et impératifs environnementaux, elle offre des perspectives novatrices pour résoudre les défis environnementaux complexes. Cependant, son utilisation doit être guidée par des principes de durabilité et de responsabilité afin de garantir des résultats positifs et équitables. La collaboration entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile est essentielle pour encadrer efficacement le développement et l’utilisation des IAg, tout en veillant à ce qu’elle ne creuse pas les disparités économiques et sociales. Seule une approche collective et éclairée nous permettra de maximiser les avantages de l’IAg tout en atténuant ses inconvénients potentiels, pour un avenir où l’innovation et la durabilité se conjuguent au Vert.
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